Bien moins mystérieux qu’on se laisse le penser aujourd’hui, le chat ne cesse cependant de fasciner. On lui prête volontiers des secrets et autres mythes qui ne se justifient que par la singularité de ses comportements et le distinguent assurément de ses acolytes canins. C’est grâce au Dr Claude Béata, Vétérinaire spécialiste en médecine du comportement, que nous nous attarderons ici sur les traits majeurs de ce compagnon.
Caractère, caractère, vous avez dit caractère ?
Plus urbain que rural, le chat possède, à la différence de son comparse canin, un double statut : il est à la fois proie et prédateur. Ce qui enrichit très largement le spectre de son caractère, le rendant plus fort mais aussi plus vulnérable, donc souvent plus complexe ! Il présente donc une palette impressionante de comportements, en fonction de son profil, du milieu dans lequel il évolue et de son entourage, tant animal qu’humain. Essayer de l’enfermer dans des définitions trop générales est donc voué à l’échec.
Un animal qui sait se faire entendre
Plus de 25 vocalises différentes sont recensées chez le chat. Miaulement, feulement etc. sont autant de sons que le chat utilise pour s’exprimer.
S’il est souvent dit que celui-ci ne miaule que pendant sa jeunesse, sa capacité à établir un contact approprié avec son interlocuteur fait de lui parfois un véritable bavard, notamment face à l’humain qui l’est tout autant. Ses vocalises illustrent la plupart du temps une émotion (roucoulements apaisants d’une mère, feulements de peur ou de colère, miaulements de conversation…). On associe souvent le ronronnement à un bien-être. Il traduit cependant avant tout une émotion -bonne ou mauvaise- que le chat régule.
Posture et gestuelle
Dans ses moments d’apaisement, on observe souvent le chat en train de pétrir l’espace sur lequel il se trouve. Réminiscence de sa jeunesse, alors qu’il pétrissait la mamelle de sa mère pour téter, ce mouvement traduit assurément un bien-être de l’animal pouvant le pousser jusqu’à la morsure, non pas violente, mais de jouissance.
Le jeu est pour lui un apprentissage vers la maturité et contribue à sa constante évolution. Il développe ainsi l’attachement à son entourage et, par là même, affirme le profil qui le caractérisera.
Hypnotique, diabolique, sorcier, démoniaque ou divin … simplement félin !
Ses prédispositions à la vie nocturne, son instinct de prédateur et sa nature solitaire l’amènent souvent à des
comportements incompris de l’humain qui le qualifie parfois injustement.
Ses séquences de prédation, jouées ou réelles, peuvent être la cause d’ incompréhensions de la part de son maitre. Si cela débouche sur des sanctions physiques, la relation peut très vite se dégrader
Réputé inéducable, il pâtit de jugements infondés sur le sujet. S’il n’est pas intéressé par la notion de hiérarchie qui fait souvent référence chez l’homme, la curiosité fait de lui un excellent élève lorsqu’une « éducation positive » est mise en place.
Asocial mais bon ami
Si le chien est un animal pour qui la relation sociale est primordiale, il n’en est pas de même pour le chat.
Cette relation ne lui est, en effet, pas nécessaire même s’il peut être très sociable et s’il est souvent un compagnon très attentionné.
Plaisir du contact et intérêt à partager avec son entourage font de lui le champion de l’amitié. Et pour lui peu importe l’espèce : notons qu’il est parfois plus facile pour lui de développer une relation avec d’autres espèces qu’avec la sienne.
Être en contact sans être au contact
« Développer » ou initier un contact ne signifie pas nécessairement « être » au contact, pour le chat.
En effet, il est capable de solliciter l’attention de son maitre en venant à son contact, mais il faut savoir qu’il ne souhaite pas toujours pour autant recevoir de caresses ni même être touché. C’est ici que l’incompréhension est souvent majeure entre l’homme et le chat.
L’apprentissage et la capacité à être au contact se développe avant la naissance du chaton.
C’est environ 20 à 25 jours avant la mise-bas que cela se développe chez le félin. Il est alors conseillé aux maitres de prodiguer des caresses à la femelle-mère qui développeront cette disposition chez leurs futurs compagnons.
Un regard qui en dit long
La pupille de l’œil du chat est un formidable indicateur : Son diamètre témoigne de son état émotionnel. Si celle-ci est très serrée, l’animal est apaisé, serein, parfois concentré, par exemple en état de prédation.
Si celle-ci est dilatée, elle témoigne alors d’un état émotionnel fort. Les mouvements de queue sont également un signe remarquable de cet état émotionnel.
Entre lui et vous : Observer pour mieux comprendre et apprendre à vivre ensemble
Marquage urinaire, hyperesthésie ou agressivité sont des comportements à surveiller chez l’animal. En effet, on néglige souvent les pathologies que dissimulent ces comportements, qui entrainent malheureusement de réelles souffrances chez l’animal.
Les soigner permet à l’animal et à l’homme de vivre en harmonie/sympathie, au regard de leurs multiples différences.
Le Dr Béata est Vice-Président de l’AFVAC et Président d’honneur de Zoopsy. Il a rédigé de nombreux ouvrages parmi lesquels, certains listés ici vous apporterons davantage d’informations sur les comportements du chat :
« Comportement du chien et du chat – 20 cas cliniques » – Dr Claude Béata – Éditions Med’Com – 2007
« Pathologie Comportementale du chat » – GECAF (Groupe d’Étude en Comportement des Animaux Familiers de l’AFVAC) et Zoopsy (Association vétérinaire de Zoopsychiatrie) – Éditions AFVAC – 2016
« Au risque d’aimer » – Dr Claude Béata – Éditions Odile Jacob poche – 2015