Mon animal est obèse !

La vétérinaire Sarah Annie Guénette répond à vos questions sur la manière de prendre soin de vos animaux de compagnie.

Sergei, un magnifique mâle présentant l’honorable sagesse de ses 10 ans cette année, aimait pavaner son superbe poil de matou tigré. Depuis quelques années, son poil est de plus en plus terne, et l’on déplore l’apparition de vilaines pellicules de peau sèche sur l’ensemble de son dos, exactement à l’endroit où il n’arrive tout simplement plus à se toiletter, malgré sa bonne volonté et ses multiples tentatives.
En fait, en observant notre matou musclé de 9,5 Kg, nous pouvons affirmer qu’il entame une petite dépression… Il ne court plus derrière les ombres mouvantes, trop difficile… il n’accueille plus son papa à son arrivée du travail en chantant, car… il est couché et se lever serait trop pénible… Une seule sensation semble persister chez Sergei au travers de toute cette confusion : la faim.
Vivre au quotidien avec une petite bête que nous avons adoptée toute petite comporte un défi de taille : ajuster les portions de nourriture en fonction des différents stades de vie de l’animal. Pire, l’accumulation de surplus graisseux est un processus lent et très insidieux. Votre beau Sergei a toujours été un chat actif et curieux et un beau matin, après 10 belles années, vous constatez que Sergei est vraiment très volumineux… Mais que s’est-il passé ? Comme chez les humains, les besoins nutritionnels du corps des animaux changent avec les différents stades de vie. Votre animal passe donc de petit tigre aventureux en pleine croissance à adulte mature un peu moins actif, puis à chose à poil sage et calme qui court beaucoup moins et qui requiert des protéines de haute qualité facilement digestibles. Il devient impératif d’ajuster non seulement les portions (la quantité de croquettes données et la fréquence quotidienne), mais aussi le type de nourriture.
Depuis maintenant environ deux ans, d’importantes percées ont été réalisées par certaines entreprises d’alimentation animale en ce qui concerne la perte de poids. Il est maintenant possible de faire mesurer votre animal chez votre médecin vétérinaire pour déterminer avec précision sa cote de chair (indice qui détermine la quantité de gras que votre animal doit perdre). Une fois cet indice en main, un programme de perte de poids sera établi en fonction des besoins particuliers de votre animal.

Voici un aide-mémoire pour tenter d’éviter l’accumulation excessive de poids chez votre animal :
• Un chat n’est pas un petit chien. Les félins sont des grignoteurs. Ils doivent donc généralement avoir accès à une portion mesurée de croquettes toute la journée. Malheureusement, les chats obèses ont tendance à tout manger d’un coup. Si vous limitez les portions et choisissez une alimentation de perte de poids, votre chat régularisera à moyen terme sa satiété. Soyez patient.
• Les chiens doivent manger minimum deux repas par jour, car ils sont comme nous et ils sécrètent de la bile en permanence. Un seul repas conduit à de l’irritation gastrique par la bile et produit des vomissements d’acidité. Deux repas pour les chiens, c’est important.
• Lors d’un programme de perte de poids, attention de ne pas confondre votre animal qui a faim (il pleure pour de la nourriture) et votre animal qui est habitué à avoir de l’attention quand il pleure comme quand il a faim. Pleurer devant l’armoire à croquettes peut aussi dire : « Je m’ennuie… Je ne sais pas quoi faire pour me changer les idées… Veux-tu jouer avec moi… »
• Si jamais votre ogre a encore faim après avoir englouti sa portion de nourriture perte de poids, donnez-lui des légumes ou des fruits sans noyau. Ces catégories d’aliments remplissent l’estomac, calment la satiété et permettent d’attendre le repas en tant que tel.
• Dernier point : soyez courageux et très strict ! Lors du programme de perte de poids, rien, rien, rien d’autre ne sera offert à votre chat ou à votre chien. Uniquement ce qui est prescrit dans son programme. Une fois le poids santé atteint, il sera possible de faire des petits cadeaux ou récompenses, mais pour le moment, on respecte religieusement les consignes.
D’autant plus alarmant, il a été démontré que les cellules graisseuses sensibilisent les terminaisons nerveuses et amplifient la douleur. Donc, si votre animal présente de l’arthrose de vieillesse, le fait de diminuer le volume des cellules graisseuses améliorera sérieusement son confort (antidouleur naturel). Sans parler du diabète de type II (le pancréas qui ne produit plus d’insuline), des pancréatites (le pancréas en inflammation), des lipidoses hépatiques (un animal qui devient jaune), des problèmes articulaires en raison du poids, des dermatites (infections de la peau)… Les maladies associées à l’excès de poids sont infinies.