Le Roman de Renart est un recueil polymorphe, écrit en langue romane par des auteurs anonymes entre 1170 et 1250. Au gré des branches qui composent ce long texte, le héros – Renart avec un t final – incarne tout l’éventail de la ruse, de l’amusante plaisanterie au tour le plus machiavélique. Sous l’argument animalier, pointent une parodie des genres nobles (épopée, roman courtois) et une critique sociale. Récit à voix haute – les lettrés sont rares au Moyen Âge – dont la mise en scène et le talent du conteur déterminent le succès et imprègnent le texte, le Roman de Renart est aussi un ensemble de manuscrits enluminés dont les images font plus que raconter une histoire.
Inscrits dans une tradition qui remonte, entre autres influences, à Ésope, certains épisodes du Roman se retrouvent dans les Fables de Marie de France et celles de La Fontaine.
Cette véritable épopée animale, parodiant les chansons de geste, raconte les aventures d’un goupil (à l’époque, nom commun du renard) appelé Renart (nom propre qui deviendra nom commun, témoignant du succès de l’œuvre). L’animal rusé passe son temps à imaginer des tours pour trouver sa nourriture et à chercher querelle aux bêtes de la ferme et de la forêt : le coq Chanteclerc, le corbeau Tiécelin, le chat sauvage Tibert, l’ours Brun… et surtout le loup Ysengrin qu’il ridiculise.
Si la partie la plus ancienne adopte l’ironie d’un conte animalier comique, les branches plus récentes ont une tonalité complètement anthropomorphique : la société animale est structurée et fonctionne comme la société médiévale, avec son roi (Noble, le lion) et sa reine (Fière, la lionne), les barons, les courtisans, le connétable Ysengrin, les seigneurs qui s’affrontent et les vassaux qui subissent. Noble est un roi idéal, juste, indulgent et recherchant la paix.
Sources: Dossier pédagogique de la BnF sur le « Roman de Renart »