Poèmes et Chants

C’est en septembre 1997 que fut édité un recueil rédigé par les adhérents de l’association. Poèmes et Chants. A la mémoire de nos compagnons disparus.
Voici la préface de Monsieur Philippe Ovens premier Président, Membre fondateur, aujourd’hui disparu.

L’Odyssée des Jardins

Oui, les poèmes de nos adhérents – qu’ils soient prose ou vers – sont homériques. Comme le monde épique, il s’agit d’un monde un peu irréel, qui appartient à un passé multiple et toujours embelli. Nos compagnons disparus sont des héros et des rois supérieurs à nos amis du présent. Ils sont les meilleurs. Ils ne s’agit pas de témoignages mais de l’évocation embellie d’un monde révolu. Ce recueil de poèmes en gestation depuis plusieurs années est enfin édité. Que tous les auteurs en soient remerciés. Il est toujours difficile d’exprimer des sentiments aussi forts. Le premier poème ci-dessous est un clin d’oeil et aussi une réconfortante contrepartie. Alors que nos adhérents pleurent leurs compagnons disparus, le poète grec « chante » la douleur de l’animal après la mort de l’homme… Et s’ils nous aimaient autant que nous les aimons ?

Merci à Eux, Merci à Vous. 
Philippe Ovens

HOMERE
VIIIème siècle avant J.C.
Smyrne – Asie Mineur

La douleur des chevaux d’Achille après la mort de Patrocle

Tandis qu’ils combattent et qu’un tumulte de fer s’élève jusqu’au ciel d’airain à travers l’éther infini, les chevaux, à l’écart du combat, sont là qui pleurent, depuis l’instant qu’ils ont vu leur cocher choir dans la poudre sous le bras d’Hector meurtrier. Automédon, le vaillant fils de Diorée, a beau les presser sans trêve, en les touchant d’un fouet agile, leur parler sans trêve aussi, d’une voix qui tantôt les caresse et tantôt les menace : les deux chevaux se refusent aussi bien à rentrer aux nefs, du côté du large Hellespont, qu’à marcher au combat du côté des Achéens. Ils semblent une stèle qui demeure immuable, une fois dressée sur la tombe d’une femme ou d’un homme mort. Ils demeurent là, tout aussi immobiles, avec le char splendide, la tête collée au sol. Des larmes brûlantes coulent de leurs yeux à terre, tandis qu’ils se lamentent dans le regret de leur cocher, et elles vont souillant l’abondante crinière qui vient d’échapper au collier et retombe le long du joug des deux côtés.
Et à les voir se lamenter ainsi, le Cronide (Zeus) les prend en pitié, et, hochant la tête, il dit à son coeur : « Pauvres bêtes ! pourquoi vous ai-je données à sire Pelée – un mortel ! -vous que ne touche ni l’âge ni la mort ? Est-ce donc pour que vous ayez votre part des douleurs avec les malheureux humains ? Rien n’est plus misérable que l’homme, entre tous les êtres qui respirent et qui marchent sur terre… »

L’Iliade, chant XVII
traduction de Paul Mazon

 L’édition du recueil étant épuisé nous mettrons prochainement en ligne quelques uns de ces poèmes.